La voie sans issue ?
Je ne dors plus
ce soir, je cherche le silence
Loin des
chemins de pluie où je traîne le pas
Loin des foules
de gens qui ne regardent pas
Loin de la
table ronde où le mépris s'échange.
Un homme est
rejeté pour avoir trop donné
Il a voulu bien
faire et parfois s'est trompé.
Il reste seul
ce soir et prépare sa fuite.
Quelques rares
amis ont voulu donner suite
A des propos de
haine et de gens de pouvoir
Mais ils sont
repartis ignorants, sans savoir
Qui de l'aigle
ou du singe au royaume des bêtes,
Ou du caméléon
a dégrisé la fête.
Un homme se
console en pensant à demain
Quand il
rencontrera d'autres êtres humains
Et que dans
leurs regards le respect fera naître
La conscience
que l'homme en un jour peut renaître
Et qu'il suffit
d'un mot placé au bon endroit
Pour qu'une
larme sèche et qu'un dos reste droit
Et pour faire
avancer et d'un pas, puis d'un autre
Un compagnon de
route, un autre fol apôtre
Un homme qui de
titre ne porte que son nom
Et qui pour
dire oui sait aussi dire non.
Qui sait donc
renoncer à la lutte incertaine
Contre les
coups fourrés des brillants capitaines
Et qui, dans le
silence, entouré de chaleur,
Des regards des
amis, des sourires des soeurs,
Sait ramasser
ses forces et reprendre la route
Alors que
l'ennemi le croyait en déroute.
Le joueur de
pipeau se remet en chemin,
Le sage
courageux est parti tôt matin
Sans savoir où
aller, sans courir les mirages
Avec la tête
calme, avec le coeur sans rage
Il avance
tranquille en mesurant ses pas
Sur une voie
cachée à ceux qui ne voient pas
La voie du
beau, du vrai, parfois de la souffrance
La voie de la
bonté, la voie de l'espérance.
©Albert Davoine : LR1991-12