Infiltration
La présence de l'autre
est telle une chandelle
allumée le matin
quand n'ose pas encore
se poindre le soleil
au coin du crépuscule.
La présence s'invite
insistante sans l'être
entre deux coups d'archet
l'espace d'un soupir
entre deux clés de sol.
Pour attendre l'amant
déjà présent au son
qui vient d'entre les notes,
il faut fermer les yeux
et regarder au loin
au plus creux de sa vie
et rompre la musique
et laisser plus d'espace
entre deux mi bémols.
Ce qui est déjà là
dans le bruit de la vie
dans le vent du soupir,
gratte sur le papier
comme on gratte à la porte
de l'amie qui devine
et qui pose quand même
l'éternelle question :
« Qui es-tu, mon ami ? »
Ainsi est-il ce dieu
espiègle et impuissant
qui sait se faufiler
entre les deux secondes
du temps que les humains
meublent de sons divers
et qu'ils croient posséder
en sachant les compter.
Ainsi est-il ce dieu
qui s'infiltre dans l'homme
entre quelques atomes
et les laisse courir
les uns autour des autres
en folle farandole
en libre débandade
espérant au passage
inviter l'une et l'autre
à danser de concert
la danse de l'amour.
© Albert Davoine. Poèmes 3-238. Avril 1991.
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